Pourquoi avons nous l'impression que le temps passe de plus en plus vite ?

SômaSêma

" Le temps passe de plus en plus vite ! "

Cette phrase vous parle ? Je suis sûre à 99,9 % que oui. Même si vous ne l'avez jamais prononcée, vous l'avez sûrement déjà entendue. Ce sentiment est partagé par beaucoup, et plusieurs explications sont données à cela , dont " le principe de la nouveauté" :

Dès notre enfance, le principe de la nouveauté façonne notre perception. Par notre innocence, tout est nouveau, tout nous émerveille et attise notre curiosité. Ces nouvelles expériences créent de nombreux souvenirs marquants. Notre cerveau travaille dur pour tout enregistrer, ce qui donne l'impression que le temps s'allonge. On a le sentiment d'avoir vécu énormément de choses dans une seule journée.

À l'âge adulte, la routine s'installe. Notre cerveau s'habitue à notre quotidien et n'imprime plus les événements de la même manière pour économiser de l'énergie. Il en résulte l'illusion d'avoir vécu moins d'événements dans notre journée, et donc que le temps a filé à toute allure.

Le cercle vicieux du regret

Pour ma part, cette sensation a été une source d'angoisse profonde. Les journées, les saisons et les années défilaient, me mettant dans un état proche de la dépression. Ma relation au temps était devenue particulièrement difficile.

Maman solo de deux enfants, j'ai commencé à tomber dans le cercle vicieux du regret. Ce regret naît du passé, un endroit que nous ne contrôlons plus, et où nous aurions aimé que les choses se passent différemment. Dans mon cas, c'était de ne pas pouvoir suffisamment profiter de mes enfants. J'ai fini par ruminer le passé au point d'oublier de vivre le présent, pour ensuite regretter d'avoir gaspillé mon temps à regretter. C'est ce que l'on appelle le méta-regret.

Ce cercle est d'autant plus vicieux qu'il est exponentiel. On se sent alors bloqué dans une situation que l'on ne contrôle plus, ce qui est un terrain fertile pour l'angoisse. Cette dernière est si énergivore qu'elle ne fait qu'aggraver le problème.

Le paradoxe de l'inactivité

Cette expérience m'a fait comprendre que cette notion de temps est une source de stress, un stress insidieux qui s'installe sans que l'on s'en rende compte. C'est pourquoi il est légitime de se poser cette question : peut-on arrêter le temps ?

Lorsque l'on exprime ce désir, on ne souhaite pas seulement prolonger un moment agréable. On exprime un besoin vital de s'accorder un moment de répit.

Comme le dit le Dr Yann Rougier, médecin spécialiste passionné de neurosciences , "notre mode de vie a plus changé en 50 ans qu'en 50 siècles". Notre évolution biologique a pris des millions d'années pour s'adapter à notre environnement de chasseur-cueilleur. Il est donc compréhensible que nous n'ayons pas pu nous adapter de manière aussi radicale à l'ère numérique notamment :La vitesse de notre monde, avec sa pression de productivité et de divertissement constant, nous a convaincus que le "vide" est un ennemi à combattre. Nous avons des outils pour combler chaque instant d'inactivité, chaque moment de transition.

Et c'est précisément en faisant cela que nous accélérons le temps.

Les moments de "vide" ne sont pas des moments de rien. Ce sont des espaces de respiration nécessaires à notre cerveau. C'est dans ces moments que la pensée vagabonde, que les émotions se digèrent et que les idées créatives peuvent émerger. Ces pauses sont les points de repère qui permettent à notre mémoire de créer des souvenirs profonds. Un souvenir n'est pas seulement une information, c'est aussi une émotion, un ressenti qui a eu le temps de s'installer.

En éliminant les temps morts, nous transformons notre vie en un flux continu et uniforme. Les jours se fondent les uns dans les autres, sans véritable distinction. Notre cerveau n'a plus l'occasion de marquer le temps, et nous perdons ce sentiment de nouveauté qui rendait le temps si riche et si long pendant l'enfance.

L'impression que le temps passe plus vite n'est pas le problème, mais le symptôme. Le véritable problème, c'est que nous avons désappris à nous accorder les moments qui donnent au temps sa profondeur.

Il est donc essentiel d'apprendre a se réattribuer pour nous même ces moments , de marquer des vraies pauses pour soi en toute conscience et sans culpabilité . Ne pas laisser la routine s'installer , mais la briser avec des moments qui nous font du bien et dont on se rappellera . Des moments pour soi qui participent à nous faire avancer dans la vie à laquelle nous aspirons et de fait , nous donnent satisfaction .